Les œuvres de cette exposition sont de grandes photographies en couleur montées sous plexiglas et constituent le travail récent de Jean Luc Tartarin, initié en 1997. Elles s'inscrivent dans un ensemble assez important, organisé en plusieurs grands cycles se rapportant à la campagne : les Grands Paysages, le Bestiaire et les Fleurs et Ciels. On est immédiatement frappé par la très grande intensité de la présence de ces paysages qui tient probablement à l'équilibre particulièrement tendu et précis qui est réalisé entre des éléments a priori contradictoires : réalisme et subjectivité, photographie et picturalité, modernisme baudelairien et post-modernisme contemporain, matérialité et iconicité, précarité et monumentalité, naturalisme et historicisme... Le réalisme photographique, par exemple, qui s'exprime à travers une maîtrise technique extraordinairement aboutie, est, en quelque sorte, contredit par la profondeur iconographique et donc culturelle qu'apporte le regard du photographe sur le paysage. Les sujets sont empruntés à la nature, à la campagne qui est l'environnement immédiat de la ferme où il a installé son atelier. Ils sont le résultat d'une lente appropriation : des heures de promenades, des jours entiers, à sillonner la campagne à la recherche de son sujet, du point de vue, de la bonne lumière. Il y a un processus de mûrissement et d'identification qui est le résultat d'une véritable connivence avec cette campagne dont il fini par faire partie. Or, paradoxalement, ces sujets « réalistes » sont profondément imprégnés de référence culturelles. Comme on le sait, la notion même de paysage n'est d'ailleurs pas naturelle mais culturelle. Ses sujets renvoient à la fois à l'histoire de la photographie et à l'histoire de la peinture (plus précisément, ils évoquent les sujets réalistes de la peinture à l'époque des premiers maîtres de la photographie...) À cela s'ajoute une sensibilité personnelle très forte et très présente. Elle passe notamment par la couleur, qui donne son homogénéité chromatique à l'ensemble et tout en soulignant le point de vue subjectif de l'artiste : « Mon travail repose sur une « tonalité intérieure », plutôt que sur la restitution d'une « nature véritable », mon expérience se situe plus dans les fictions de la matière colorée - être à la limite, « à peine pouvons-nous y croire » entre représentation et sensation, c'est ma manière de dire : maintenant, regardez ! » Les œuvres de Jean Luc Tartarin sont tirées sur papier Ilfochrome sous Diasec et montées sur châssis -encadrement en bois ou en aluminium.