L’exposition présente deux chapitres bien distincts de l’histoire allemande. Ici, ce sont les plages du débarquement, photographiées par Matthias Koch avec la grande chambre installée en haut de l’échelle de sa voiture de pompier. Les images agissent comme des témoins, autant de traces architecturales, comme ces bunkers abandonnés par les envahisseurs et ces cratères créés par les bombardements laissés par la Seconde Guerre mondiale dans ce paysage normand si généreux. Là, on peut voir Rügen, île de la mer de l'Est, où Götz Diergarten (connu pour ses images de cabines de plage du littoral normand à Ravenoville et Gouville) a photographié une cabine de maître nageur. Ce patrimoine architectural des années soixante est un vestige de l’ancienne RDA. Les deux artistes, Mattias Koch et Götz Diergarten, sont des documentalistes du paysage archéologique. Leur travail, souvent réalisé par séries, s’inscrit dans ce courant qualifié de « Nouvelle Objectivité » par Jean-François Chevrier. Les photographies de ces anciens élèves du professeur Bernd Becher de l’Académie d’Art de Düsseldorf s’inscrivent dans la tradition d’August Sander. Les images de Rügen et de la Normandie sont des états des lieux où l’histoire, dénuée de tous sentiments ou d’émotions, est suggérée seulement par une deuxième lecture. Ces œuvres aux grands formats nous séduisent par ces tonalités douces, souvent pastel, qu’offre seulement la lumière du Nord.