Hamid Sardar-Afkhami »
Dark Heavens : Hunters and Shamans of Mongolia
Exhibition: 14 May – 23 Jun 2009
Galerie Thierry Marlat
2 rue de Jarente
75004 Paris
+33(0)1-44617979
thierry@galerie-marlat.fr
www.galerie-marlat.fr
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DARK HEAVENS Hunters and Shamans of Mongolia Photographs by Hamid Sardar-Afkhami An exhibition of 19 platinum prints In the year 2000, I started my annual expeditions to Mongolia. My aim was to create a photographic record of the nomad's way of life and observe something of the wisdom hidden in their customs and manners before they became divorced from their natural and spiritual environment. The requirements for these journeys were basically two: little vegetable food and the willingness to ride long distances on horses, camels and reindeers - and if necessary to eat them. There were times when I was totally cut off from urban civilization, yet I always felt strangely embraced in the Mongol wilderness. There was an imaginative resonance here between animal and man that could be found in places less primal. I found an old man in the Gobi who could make camels cry and adopt an orphaned calf by playing his fiddle; a Buryat lama who would call wolves to his doorstep by singing an ancient song. In the foothills of the Altai, I rode with Kazak shepherds who taught me how to capture golden eagles from the nest and trained them to hunt before releasing them back into the wild. This ecological mysticism linking animal and man became the guiding theme of my art. In nomad culture, art - indeed memory itself - is inconceivable without this totemic connection to nature and its fabulous bestiary. The idea of becoming animal is the most important aspect of Eurasian religion, something that lies dormant in every individual and to which contemporary urban civilization, as a whole, is trying to reconnect. Nowhere do these ancient beliefs echo more vividly than in the rituals of Mongolia's hunters and shamans, who still hunt, heal and remember their ancestral spirits through a profound identification with the beast. During the winter season, I would often travel with the Duhalar reindeer people and stay with an old shaman called Tsuyan. On odd days of the waxing moon, she would go into a trance and transform herself into a reindeer bull, flying off to a place she called the Dark Heavens: a twilight world full of light, sounds and voices from where the ancestors reveal their hidden messages in the form of birds and beasts. "We exists in relation to three things," she would say, "...nature, animals and the memory of ancestors." Once we forget, the guardian angels abandon us and we invite demons to take hold of our destiny. Artists, in some way, take the place of shamans in contemporary societies. Their path is to enter and bring back messages from a timeless world, an analogous world of light and shadow where all things are connected. Without the ability to enter the timeless, art loses the power to remind. This exhibit is a testimony to a remarkable nomadic people whose memory is still intact; for whom the sunny world of the living is but a fleeting reflection of a greater spiritual continuum of heavens and ancestors, continually recalled through a marvelous pantheon of 'spirit-animals' who show the way. Hamid Sardar-Afkhami, Paris 2008 BIOGRAPHY HAMID SARDAR-AFKHAMI is a professional photographer as well as a scholar of Tibetan and Mongol languages who received his Ph.D. from Harvard University. After moving to Nepal in the late 1980's and exploring Tibet and the Himalayas for more than a decade, he went to live in Outer Mongolia in 2000 to make a visual record of people's customs and manners of life before they became divorced from their natural and spiritual environment. Sardar-Afkhami's photographs specifically draw attention to the spiritual relationship of Mongolia's nomads to their fabulous pantheon of totem-animals. Merging art and exploration photography, he explores the cyclical consciousness of nomads focusing on the seasonal rhythms of migrations on the steppes, deserts and in the mountain forests, following horse breeders, bear hunters, wolf tamers, eagle masters and reindeer people. His journeys in the last eight years have produced three award-winning documentary films, numerous articles and a single important photographic collection concentrating on Mongolia's nomadic culture at the cusp of a great irreversible change.
DARK HEAVENS - SHAMANS ET CHASSEURS DE MONGOLIE J'ai commencé mes expéditions en Mongolie en 2000. Mon but était de créer un inventaire photographique des nomades et de déceler la part de sagesse enfouie au sein de leurs coutumes et de leur mode de vie avant qu'ils ne soient séparés de leur environnement naturel et spirituel. Ces voyages nécessitaient de pouvoir, d'une part, supporter un régime avec peu de légumes et, d'autre part, d'éprouver le désir de parcourir de longues distances à dos de cheval, de chameau et de rennes - et si nécessaire, de les consommer. Etant complètement coupé de toute civilisation urbaine, étrangement, je me sentais protégé au sein de ces régions sauvages mongoles. On y découvre une résonance entre l'animal et l'homme que l'on ne retrouve pas dans d'autres lieux moins primitifs. J'ai rencontré ce vieil homme dans le désert de Gobi qui, avec son violon, a ému un chameau aux larmes et lui a fait adopter un chamelon abandonné. J'ai vu un lama Buryat qui a fait venir les loups à sa porte en entonnant un chant ancien. J'ai chevauché les monts d'Altaï avec des bergers Kazak qui m'ont appris à capturer des aigles dorés dans leurs nids et à les entrainer à chasser, avant de les relâcher dans la nature. Ce mysticisme écologique qui lie l'animal à l'homme est devenu le fil conducteur de ce travail artistique. Dans la culture nomade, l'art - la mémoire en sorte - est inconcevable sans ces connections totémiques à la nature et à son fabuleux bestiaire. La notion de transformation en animal est l'aspect le plus important de la religion eurasienne. C'est un élément qui sommeille au sein de chaque individu et avec lequel la civilisation urbaine contemporaine cherche à se reconnecter. Ces anciennes croyances résonnent plus qu'ailleurs dans les rituels des chasseurs et des shamans de Mongolie, qui chassent encore, qui se guérissent et qui se souviennent de leurs esprits ancestraux à travers cette profonde identification avec l'animal. Durant l'hiver, j'ai souvent voyagé avec le peuple renne de Tsaatan et suis resté aux cotés de Tsuyanqua une vieille shaman centennaire. Les jours impairs de la lune croissante, elle entrait en transe et se transformait en renne mâle. Elle s'envolait vers un lieu appelé Dark Heavens (les cieux obscures) : un monde crépusculaire remplit de lumière, de sons et de voix où les ancêtres, qui ont pris l'aspect d'animaux totémiques, révèlent leurs messages cachés. "Nous existons en relation avec trois choses," disait Tsuyanqua, "...la nature, les animaux et la mémoire de nos ancêtres. Une fois que nous oublions cela, les anges gardiens nous abandonnent et les démons s'emparent de notre destin." Au sein de la société contemporaine, les artistes ont remplacés les shamans. Leur rôle est de ramener des messages d'un monde intemporel auquel ils ont accès; un monde parallèle de lumière et d'ombres où tout est lié. Sans cette habilité à pénétrer l'intemporel, l'art perd le pouvoir de remémoration. Ce récit photographique est un hommage au peuple nomade remarquable dont la mémoire est restée intacte. Pour eux, le monde ensoleillé des vivants n'est qu'un reflet d'une plus vaste continuité spirituelle. Celle-ci est constitué de cieux et d'ancêtres, dont ils se souviennent perpétuellement à travers le fabuleux panthéon des "animaux esprits", qui leur éclair le chemin. Hamid Sardar-Afkhami, Paris 2009 BIOGRAPHIE HAMID SARDAR-AFKHAMI est né en Iran en 1966. Il suit sa famille à Paris où il obtient son baccalauréat international. Il poursuit son éducation aux Etats Unis et étudie les langues tibétaines et mongoles, pour lequel il reçoit un Ph.D de l'Université de Harvard en 2000. Il part vivre au Népal à la fin des années 1980 et explore le Tibet et la chaîne de l'Himalaya pendant plus de dix ans. Pendant ce temps il collabore avec le Harvard Film Study Center et le Peabody Museum sur plusieurs films documentaires. En 2000, il part s'installer en Mongolie. A l'instar du travail d'Edward S. Curtis, auquel on pourrait éventuellement comparer ces portraits, la motivation de Hamid est plus engagé que celle du photographe américain, qui a documenté la vie des indiens d'Amérique du Nord avec ce que Serge Bramly qualifie de : "regard extérieur et nostalgique"(1) ou avec le point de vue d'un "touriste avide de sensations."(2) Hamid, lui, approche son sujet avec un regard d'ethnologue et l'âme complice d'un artiste. La où Curtis érige une barrière entre lui et la vanishing race (la race qui s'éteint), Hamid nous fait constater que nous sommes beaucoup plus proche de ces peuples que nous ne le pensions. Et c'est en réalité nous qui avons perdu le lien sacré avec notre passé. Durant neuf années de voyages, Hamid a réalisé trois films documentaires, qui ont été primés dans plusieurs festivals(3). Ces photographies sont parues dans le Figaro Magazine, Géo, National Geographic, Paris Match et VSD, entre autres. (1) et (2) Edward S. Curtis, p.8. Collection Photo Poche. Introduction par Serge Bramly. (3) Liste des prix : • "A la poursuite du renne blanc" (2008). Meilleur film culturel, BANFF Mountain Film Festival, Canada, et Prix spécial du jury, Festival d'Autrans, France. • "Balapan : Les ailes d'Altaï" (2006). Meilleur film culturel, BANFF Mountain Film Festival, Canada, et Meilleur film, Festival de Telluride, USA. • "Le peuple rennes" (2004). Meilleur film, BANFF Mountain Film Festival, Canada.