Hiroshi Watanabe »
American Leitmotiv
Exhibition: 5 Sep – 17 Oct 2009
Hiroshi Watanabe "American Leitmotiv" "I go to places that captivate and intrigue me. I am interested in what humans do. I seek to capture people, traditions, and locales that first and foremost are of personal interest. I immerse myself with information on the places prior to leaving, but I try to avoid firm, preconceived ideas. I strive for both calculation and discovery in my work, keeping my mind open for surprises. At times, I envision images I'd like to capture, but when I actually look through the viewfinder, my mind goes blank and I photograph whatever catches my eye. Photographs I return with are usually different from my original concepts. My photographs reflect both genuine interest in my subject as well as a respect for the element of serendipity, while other times I seek pure beauty. The pure enjoyment of this process drives and inspires me. I believe there's a thread that connects all of my work - my personal vision of the world as a whole. I make every effort to be a faithful visual recorder of the world around me, a world in flux that, at very least in my mind, deserves preservation." Hiroshi Watanabe
Horishi Watanabe CARRÉS D'OMBRE ET DE LUMIERE Hiroshi Watanabe, photographe à Tokyo et Los Angeles, vient de voir son portfolio primé aux Rencontres Internationales de la Photographie d'Arles. Il expose actuellement à la galerie AD de Genolier (Suisse), occasion de découvrir un photographe qui s'impose déjà comme une référence. Chaque tirage d'Hiroshi Watanabe est unique. Nous sommes bien au-delà d'une simple image et de ce qu'elle représente; la matière y est pleinement photographique. Le papier argentique et sensible, traité par la main de l'auteur, nous rappelle que l'authenticité d'un tirage de grande tradition suscitera toujours en nous une émotion incomparable. Si les techniques numériques accélèrent la disparition de ce savoir-faire, certains artistes écrivent encore en ombre et lumière. La photographie dépasse alors la représentation du sujet. Il y est transcendé par le regard du photographe, le long processus de développement et la permanence des sels d'argents. Hiroshi Watanabe est de ceux qui savent que cette magie, voire alchimie, contribue à l'expression de l'artiste. Diplômé du College of art de la Nihon University, il part à Los Angeles pour s'impliquer dans la production de spots publicitaires, allant même jusqu'à créer sa propre société de production. Mais le retour à la photographie artistique s'impose dès l'obtention d'un MBA de l'UCLA. Il plonge alors totalement en photographie et parcourt le monde pour enregistrer visuellement l'objet de ses fascinations. De nombreux prix distinguent ses œuvres. Les expositions se succèdent tant aux Etats-Unis qu'au Japon. Les publications se multiplient. Ainsi, Hiroshi Watanabe peut apparaître comme un artiste installé mais ce n'est pas le cas. Il sait, tel Edouard Boubat, que le hasard est un allié dans sa quête humaniste. Alors, il lui faut rester en éveil. Il exerce sa curiosité pour des sujets qui l'intriguent, confronte sa sensibilité à l'activité des humains avec la volonté de conserver les traditions qui pourraient disparaître. Il comprend l'importance de ne pas succomber à la tentation de se plagier ; le style ne s'épanouit pas dans la répétition. L'artiste évolue constamment et se remet en cause, allant même jusqu'à photographier en couleur en Corée du Nord Ideology in paradise, livre publié par Mado-sha au Japon. Mais, enregistrer le monde sensible ne peut se faire sans conscience. Hiroshi Watanabe se documente avant de partir mais se garde bien de toute idée préconçue. Il se prépare à saisir de belles surprises. La chance et les heureux hasards ne se produisent que si l'on prêt à accomplir l'oeuvre. Aurait-il une filiation avec les maîtres calligraphes japonais ? Ils savent mais oublient tout devant le sujet. Taire le savoir pour ouvrir la sensibilité et l'esprit afin de laisser la main libre. Le photographe n'est pas si loin de cette attitude. Dans son geste, une dimension sacrée s'impose à lui naturellement. Il tient son boitier 6x6 à deux mains placées au niveau de l'abdomen. Ainsi, il s'incline devant le sujet, pour composer le cadre sur le verre dépoli de l'appareil. Une attitude de révérence et d'intériorité qui conduit à la poésie et nous verse dans l'essentiel. Nous pourrions surprendre Hiroshi Watanabe dans le laboratoire et ne serions pas étonnés de pénétrer dans un lieu de mystère. Celui de la chambre noire qui verra naître les images sur un somptueux papier, surface sensible où les sels d'argent se déclineront en toutes gammes de blanc, de gris et de noir. Et le sujet ? Infiniment respecté dans une empathie sincère, que ce soit pour les gens, les bêtes ou les objets. Chacun semble vous regarder. Ce n'est plus la photographie observée, c'est elle qui capte votre regard. Cela est particulièrement vrai pour la suite des portraits de singes de la suite Suo Sarumawashi dont il composa un portfolio. Dans American Studies, des fragments d'Amérique se conjuguent dans une suite de paysages ou de détails hautement symboliques. Nous sommes face au sacré aussi lorsqu'il s'agit des végétaux de la suite Perennial Scenes. Le lotus y est majestueux, calme et nous apaise. Quel que soit le sujet photographié, Hiroshi Watanabe en capte toute la profondeur, la force, la beauté... dans l'émotion de l'instant. Ainsi, nous cueillons les images dans plus de dix-sept portfolios à tirage limité dont chaque épreuve est numérotée ; ouvrages d'édition exemplaires. Nous retrouvons cette exigence dans les huit livres édités à ce jour. Ses portraits publiés en quatre volumes nous confirment que le photographe établit une relation de confiance avec ses sujets avant de déclencher. L'humanité de son regard opère face aux patients de l'Hôpital psychiatrique de San Lazaro, aux acteurs de théâtre Kabuki, aux personnages d'Ena Bunraku et aux masques Noh du Naito clan qui semblent retenir leur souffle. Revenir à la photographie, au tirage original. Nous remarquons que le format choisi est identique au négatif dont les bords noirs cernent l'image. Rien n'est recadré, l'image toujours carrée, symbole de l'humain, contrepoint au cercle divin. Olivier Delhoume