Lea Golda Holterman »
Orthodox Eros
Exhibition: 7 Oct – 14 Oct 2010
Art Space Evi Gougenheim
14 rue Coëtlogon
75006 Paris
Orthodox Eros present a large acurate photographs that lure and provoke the viewer through a unique layering of Jewish philosophy Religious, historical, and artistic content.
Orthodox Eros explores the themes of sensuality in Judaism trough the athic jewish philosophy. the photogrqaphs make strong references to art history This results in a defamiliarization of the Jewish man's image and invites the viewer into the sensual Jewish symbolic world.
According to orthodox Jewish religion, the body is the temple of one's soul. The body, and one's relationship to it, thus bears an essential social subtext.
Orthodox Eros addresses the notion of the Jew as the "other" in an erotic sense and the ways in which athic and esthetic complete each other in this subtext. The asthetic of Jewish spiritual practice is revealed through the body's expression.
Orthodox Eros also features an installation of Holterman's videos, offering a more narrative perspective on the matter, with interviews of her subjects on topics pertaining to their portraits, their religion, and sexuality. These videos offer intimate and revealing insights about the men she has chosen to portray and their relationship to their faith, to their bodies, and even more intriguingly, to the artist herself.
Les personnages qui se tiennent derrière le corpus d'images de Léa Golda-Holterman ne sont pas étrangers à l'histoire de la photographie. Nous les connaissons par leur refus d'être représentés en tant qu'images; quelque chose dans leur identité les empêche de se dévoiler à des yeux étrangers. Ce ne sont pas nécessairement des personnages rejetés aux confins de la société, comme il est possible d'en trouver dans d'autres travaux de Golda-Holterman, mais des personnages dont l'identité culturelle leur interdit de devenir des images visuelles. Tels sont les jeunes étudiants des écoles talmudiques, ces fils de l'élite intellectuelle de l'orthodoxie juive qui s'est imposée un enfermement derrière les hautes murailles de la Halakha, la Loi religieuse juive, comme réaction à la modernité. Comme certaines de celles qui l'ont précédée, la série des photographies présentées dans cette exposition lance également un défi significatif à la photographie du personnage réfractaire. La série subvertit la pratique voyeuriste de la perpétuation de l'instant et la remplace par la pratique d'un dévoilement continu, plus proche de la peinture. Cette pratique ne se glisse pas dans l'histoire naturelle du personnage réfractaire pour le figer par inadvertance et en un battement furtif de diaphragme, mais enlace et attire le personnage vers la ville interdite de l'image artistique. De ce point de vue, l'art photographique de Léa Golda-Holterman se meut sur le plan de contact entre l'art et la magie. La dimension artistique nous apparaît de façon directe et radicale à travers l'image, avec toutes ses composantes: symboliques, historiques et esthétiques. A l'opposé, la dimension magique n'apparaît pas comme image mais comme l'action qui l'a précédée, c'est-à-dire l'action effectuée sur le personnage réfractaire: le faire venir dans l'espace de la création et le faire se tenir face à l'objectif en tant que persona, en tant que possibilité d'image. Dans ses précédents travaux, qui traitaient de personnages urbains marginaux, parfois au bord de l'anéantissement physique et spirituel, Golda-Holterman avait créé des espaces de création à l'intérieur même des territoires vernaculaires et chargés des personnages rebelles, et avait réussi à les faire se dévoiler à partir d'un sentiment de domesticité. Dans la série exposée ici, les règles du jeu se durcissent; l'espace photographique est transposé sur le terrain propre de l'artiste – le studio. Là, le photographe est celui qui domine sans réserve l'environnement physique, mais également celui qui se trouve en position de faiblesse face au personnage à qui l'environnement antagonique impose une réduction de soi. C'est pourquoi la dimension magique des travaux de Golda-Holterman ne s'épuise pas dans le "faire venir" et le "faire se tenir", actions qui éveillent en elles-mêmes l'étonnement du spectateur et peut-être même sa suspicion – "comment est-ce possible?". Dans cette série, l'action sur l'objet rebelle s'amplifie jusqu'à donner à la dimension magique sa visibilité. C'est cette même action, ou cette série d'actions, qui amène le personnage réfractaire à se dévoiler, dans un contexte antagonique et par complicité, et non par inadvertance ou par soumission aux caprices de l'artiste. Quelle est donc cette chose que les jeunes étudiants orthodoxes dévoilent aux yeux de Golda-Holterman et des spectateurs? Il ne s'agit probablement pas de leur personnalité; le travail de vidéo concrétise bien l'écart de personnalité creusé entre l'image photographique et l'mage filmographique. Ce même écart se fait jour également entre les photographies elles-mêmes, qui balancent entre le transcendant et le quotidien. Ce n'est pas la personnalité qui se révèle ici mais la disposition personnelle des étudiants orthodoxes à revêtir un personnage aux significations mythiques et antagoniques, mais également à s'en dévêtir et à se dévoiler en cela en tant que persona per se. Mais plus que tout, cette disposition se réalise dans l'image comme disposition à jouer – aux deux sens du verbe: jouer et agir – et ainsi, à transformer des instruments de culte (l'étudiant lui-même, le châle de prière et les phylactères) en instruments de jeu. On peut comprendre que le dévouement total des étudiants orthodoxes au jeu ne signifie pas espièglerie ou même contestation de la loi religieuse ou de la force qui pousse à l'enfermement vis-à-vis du monde. Ils ne semblent pas prendre plaisir à l'interdit, mais bien plutôt le recueillir paisiblement en leur sein. Tout se passe comme si, pour les personnages photographiés, ces événements étaient tellement naturels et évidents, qu'ils en annulent les fondements antagoniques. Nous sommes presque conduits à penser qu'ils s'identifient au thème conceptuel et historique de Golda-Holterman. C'est-à-dire à la façon de considérer la vie orthodoxe juive comme descendant hellénique, comme expression de l'identification platonique entre l'activité intellectuelle et l'attirance érotique vers le transcendantal. Mais c'est justement cette impression qui s'écroule avec le travail de vidéo. Ainsi vient à sa place l'écart entre les deux persona, révélant en cela l'espace de complicité avec la photographe. Raison pour laquelle le retour de l'érotique vers le quotidien n'annule pas cet effet mais le renforce. Quel est le fondement psychologique qui amène le personnage réfractaire à transgresser les interdits et les normes culturelles et religieuses, et à collaborer avec l'artiste dans la création d'une image? Quel est cet espace subjectif, peut-être cette contradiction interne, qui permettent une ouverture extrême à la photographie – à l'autre côté, tel qu'il est perçu par l'orthodoxie? La réponse à cette question ne fait pas partie de l'image; elle en est absente justement parce qu'elle est le fondement qui la permet. Toutefois, la question elle-même, avec ses diverses significations, fait partie intégrante – même si elle n'est pas visuelle – de l'image, et elle rayonne de sa puissance magique à travers l'ensemble des éléments artistiques et esthétiques du corpus de travaux.