Laurence Demaison »
Oeuvres récentes
Exhibition: 30 Jan – 9 Mar 2013
Galerie Esther Woerdehoff
36 rue Falguière
75015 Paris
+33(0)9-51 51 24 50
galerie@ewgalerie.com
www.ewgalerie.com
Wed-Sat 12-19
Since the 1990s, Laurence Demaison's photographs have gone above and beyond the nature of self-portrait to offer a profoundly original vision and a body of work which has been diverse and extremely consistent at the same time.
If the self representation remains for many artists a mirror which sublimes their authors, the distortions the photographer did to her body and her face rather refer to the creation of an alterity that would escape from her true image. The surrealism of the images and the titles given to the artist's series remind us with humor that everything has been invented.
Body representation has been the origin of a long experimentation during which the artist has been taking advantage of the technical possibilities offered by analog photography while playing with time exposures, blur effects, contrast or directly on the negatives in order to create fascinating and singular images.
"The use of my hated carcass would have been inconceivable if I had not felt so much discomfort by the mere presence of models who participated to my first photographs. Too bad, because it would have been easier to project my desires on bodies that I found very beautiful ; I must say it was not such a bad thing as it might have been too obvious and too comfortable. Between the horror of my own flesh and the stare of others, I chose the more manageable. This alternative forced me to venture into a deep research whose only solution was to disappear, or at least become something else - but it is in fact the same."
As in her previous series, the photographs of "Sous vide" ("In vacuum") are all self-portraits. With her head wrapped in a plastic bag during a sitting session close to a real performance, Laurence Demaison has paradoxically disappeared and transformed her face into a true mask of death, sculptured with violence but also softened by the aesthetics of photography, the subtle shades of grays, of blacks and highlights.
Since 2010, Laurence Demaison has moved away from self-portraits and started to use mannequins. This anonymous and inert figure has allowed her to cross the mirror and to also understand the photographing process on the other side of the lens. In her most recent series, "Noires Soeurs" (Black Sisters), the artist hides her alter ego behind a veil, like a forgotten statue, as austere as Justice or weeping as medieval mourners on a grave. The different types of fabrics used to cover the woman sitting have succeeded in creating fascinating effects of darkness and light. This concealed emotion strikes the viewer by its graphic presence and gives itself freely to the interpretation of the viewer.
The series "Si j'avais su" ("If I had known") and its very dark sense humor confront us to our strongest fears. The photographer creates a morbid game with babies, using reborn dolls of a frightening realism. She stages their suicides by any imaginable ways from drowning in a jar, defenestration, burning to a slow death, while referring to certain postures from her previous photographic series. This series of twelve images is presented in handmade, one-of-a-kind box, a unique piece created by an artist who in recent years has also been expressing herself through drawing and sculpture.
Depuis les années 1990, les photographies de Laurence Demaison contournent le genre de l’autoportrait pour en offrir une vision profondément originale, dans une oeuvre à la fois multiple et toujours extrêmement cohérente. Si la représentation de soi reste pour de nombreux artistes un miroir qui sublime son auteur, les déformations que la photographe fait subir à son corps et à son visage renvoient au contraire à la création d’une altérité qui déroberait sa vraie image. Le Surréalisme jette un oeil par la porte et les titres donnés aux séries rappellent avec humour que tout est inventé. La représentation du corps est source d’un long travail d’expérimentation où l’artiste met à profit les possibilités techniques de la photographie argentique, jouant sur le temps de pose, le flou, le contraste ou le négatif, pour créer des images fascinantes et singulières.
“Utiliser ma carcasse détestée comme sujet aurait été inconcevable si je n’avais ressenti tant de malaise de par la simple présence des modèles qui ont accompagné mes premiers pas photographiques. Dommage, parce qu’il aurait été plus facile de projeter mes désirs sur des corps que je trouvais très beaux ; tant mieux, car trop évident, trop confortable, peut-être. Entre l’horreur de ma chair et celle du regard des autres, j’ai choisi le plus gérable. Cette alternative m’a contrainte à m’aventurer dans des recherches dont la seule issue était de disparaître, tout au moins d’être autre chose, mais c’est pareil. “ Laurence Demaison
Dans Sous vide, comme pour ses séries précédentes, il s’agit d’autoportraits. La tête dans un sac plastique, dans une séance de pose proche de la performance, Laurence Demaison fait le vide et fait paradoxalement apparaître son visage, masque mortuaire sculptural dans une violence seulement atténuée par l’esthétique de la photographie, camaïeu subtil de gris, d’ombre et de brillance.
Depuis 2010, Laurence Demaison sort du territoire de l’autoportrait en s’autorisant l’assistance d’un mannequin. Cette figure anonyme et inanimée lui permet de franchir le miroir et d’appréhender enfin la prise de vue de l’autre côté de l’objectif. Sa série la plus récente, Noires Soeurs, dissimule ainsi cet alter ego sous un voile, statue oubliée, raide comme la Justice ou comme le pleurant d’un tombeau médiéval. Les différents tissus qui recouvrent cette femme assise apportent des effets d’ombre et de lumière pleinement photographiques. Cette émotion masquée frappe par sa présence plastique et s’offre librement à l’interprétation du spectateur.
La série Si j’avais su pousse l’humour noir jusqu’aux retranchements de nos peurs en présentant des bébés, poupées “reborn” d’un réalisme effrayant, que la photographe fait poser dans un jeu morbide. Noyade dans un bocal, défenestration, immolation ou mort lente, la photographe met en scène les suicides de ces “bébés” par tous les procédés imaginables, allant jusqu’à reprendre en clin d’oeil les poses de certaines de ses propres séries photographiques. Cette série de douze images fait l’objet d’une édition en coffret-objet, pièce unique d’une artiste qui depuis quelques années s’exprime également par le dessin et la sculpture.