"Passages" (“Passagen") : le titre seul résume une part essentielle du travail de l’artiste, attaché à la notion de fugacité du temps et sensible à la brièveté de notre passage sur terre. Flous volontaires, suppression des détails et traces furtives de la mobilité ou de la mouvance des corps confèrent à l’image un style proche du découpage cinématographique. En effet, de longs temps de pose permettent de rendre une impression similaire à une scène de film, là où une seule image suffit à la traduire.

La découverte et l’interprétation des cultures étrangères font intimement partie des recherches artistiques de Tilmann Krieg. S’il puise ses thèmes aussi bien en Afrique qu’en Australie, en Amérique qu’en Asie, il s’intéresse moins à l’héritage historique ou ethnologique de ces cultures qu’à la vie quotidienne, l’urbanité, et les effets de la mondialisation sur la dynamique et le rythme de la vie moderne, tous de plus en plus imbriqués.

Une fois diplômé de l’université des sciences appliquées de Düsseldorf (Pr. Hans-Georg Lenzen et
Klaus E. Neelen), Tilmann Krieg choisit d´étudier à l'École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg (Pr. Sarkis et Claude Rossignol), pour ensuite travailler en free lance à Strasbourg et à Kehl, son quartier allemand. Après l’Europe, il ira à la découverte des États-Unis, de l’Éthiopie, de la Corée et du Brésil, autant d’expériences qui ne cesseront d’enrichir la vision de ses recherches photographiques.

La soixantaine, Tilmann Krieg a exposé dans le monde entier et obtenu la reconnaissance et la consécration de très nombreuses galeries et musées. Il a réalisé en solo ou en collaboration avec le Goethe-Institut des œuvres qui font désormais font partie de collections publiques et privées européennes, coréennes, brésiliennes, chinoises et américaines. En 2008, il a remporté le “Shooting Hidden Spot”, grand prix de la Foire internationale d’art (KIAF) à Séoul, Corée du Sud, récompensant une installation photographique réalisée dans le cadre du patrimoine mondial de l’Unesco.

Tilmann Krieg is a German photographer who takes pictures of people in motion, the passing of time and the transition of places. For the past decade he has been travelling in numerous countries where he has been exposed to multifarious aspects of urban environments and the humanity within them. He has used this in conjuction with his own subjective impression and individual style of taking photos to develop a new perception and dimension of contemporary photography. Unlike many modern photgraphers who try to take the sharpest photos possible with the available modern technology, Krieg purposely takes blurred and overlapped photos to empathize with the unstable and fluid nature of human existence. The elongated exposure time intensifies and accentuates the artist‘s intention to capture and show each moment of our daily life in movement. Hence, if classical photography were seen to represent the illusion of frozen moment, Krieg‘s works represent the continuous circle of human presence in its transience.

Krieg began his artistic life in painting and drawing even though he has always been interested in photography and he states that nowadays his camera is very much like a paint brush or a pencil in his artmaking. The artist chooses different cameras depending on the images he wants to create just like a painter would use different brushes for different finishes in a painting.
Hyun Mi Lee, Gallery HM, Sydney / Australia